Qu'halloween aille au diable ...

carte Halloween dans les barres de chocolat Mars

LE FIGARO 31/10/2000 Guy Baret

Ah, où est-il le temps où les enfants que nous étions collectionnaient les points Menier ou les figurines Mokarex que nous découvrions avec ravissement, dans les tablettes de chocolat, ou les paquets de café? Aujourd'hui les gamins sont invités à collectionner "les six cartes de démon officiel que tu trouveras dans les sachets de confiseries chocolatées préférées". On l'a deviné, Halloween est passé par là, il repassera bientôt par ici le furet d'Amérique.
Et les marchands de ce temple païen d'exposer aux enfants, au recto de la carte offerte, les "six bonnes raisons pour dévoiler ton côté démon". Rien à voir, pourtant, avec le bon petit diable de la comtesse de Ségur. Au verso on peut lire en effet: "Carte de démon officiel 2000. Je fais partie des démons de la fête Halloween 2000 et je m'engage à faire et à dire plein de choses monstrueuses." Ce juvénile pacte faustien doit être suivi, pour une pleine efficacité du "nom, prénom démoniaque, signature d'enfer. Lu et approuvé par le maître des démons. Signé Lou Cifer"
Que sont ces choses monstrueuses? Voici: "parle le langage des horreurs pour réussir ta collec' de confiseries. Nous voilà le 31 Octobre jour de la fête d'Halloween. C'est le moment de partir à la collec' de confisailles. Maintenant que tu es démon officiel c'est facile! Apprends le langage des horreurs et dévoile ton côté démon." Suivent "formules incantatoires". On se rend compte que, depuis Faust, les termes de l'échange avec Satan se sont sérieusement dégradés au profit de l'ange déchu qui est passé de la pomme apocryphe d'Eden à a barre chocolatée du vert paradis des amours enfantines. De nos jours, vendre son âme au diable, au lieu de l'éternelle jeunesse, n'apporte que des caries dentaires qui abrègent la longévité des prémolaires. Lucifer travaille pour les dentistes et ...le fabricant de confiserie dont les profits lui permettent d'édifier son Veau d'or. On voudrait croire que cet inquiétant marketing à destination, de la jeunesse ne relève que d'une farce déplacée. Hélas! l'actualité nous révèle, de plus en plus souvent, que des adolescent ne le considèrent pas ainsi qui se livrent à de sanglantes et parfois mortelles pratiques sataniques. Sans doute, comme on disait en 1914, "la mobilisation n'est pas la guerre", mais elle y prépare. C'est pourquoi au nom du "principe de précaution" - à défaut de principes oraux, suspect, forcément suspects -, il serait sans doute opportun que les autorités s'intéressent de plus près à ces douteuses campagnes. Planter dans une âme d'enfant des choses monstrueuses mériterait sans doute autant d'attention que quelques traces d'OGM dans un champ de maïs ....