C'est la plus nombreuse et la plus connue des dissidences de l'Église Néo-Apostolique. Il ne faut pas la confondre avec l'Église Apostolique, une branche du pentecôtisme, ni avec diverses Eglises catholiques dissidentes, ni avec l'Eglise Catholique Apostolique irvingienne dont les membres se veulent tous "apostoliques".
L'Église Néo-Apostolique a été déchirée par de continuelles divisions, dues essentiellement à l'autorité absolue et il faut le dire, dictatoriale, de son "apôtre-patriarche". Dès 1951, on constate un mouvement d'opposition à ce dernier et surtout à son message qui devient inacceptable. Certains apôtres supportent mal le despotisme de "l'apôtre-patriarche" Johann-Gottfried Bischoff (1871-1960), le culte de sa personne et sa prétendue révélation liant le retour du Christ à ses prophéties.
Le principal apôtre néo-apostolique opposé à "l'apôtre-patriarche", à l'origine de l'Union des Chrétiens Apostoliques, est Otto Guttinger. Par la suite, il sera rejoint par son père retraité Ernest Guttinger et par quelques autres apôtres.
Ernest Guttinger naît le 19 août 1877 à Dubendorf, en Suisse. Dès son jeune âge, il rejoint l'Église Néo-Apostolique. En 1948, il propose que le siège de cette Église soit transféré en Suisse, pays neutre, et que "l'apôtre-patriarche" ne soit pas choisi à vie. Ces propositions déplaisent fort à "1'apôtre-patriarche" et Ernest Guttinger se voit obligé de prendre une retraite anticipée en 1951. Il décède le 6 février 1960. Il est enterré au cimetière d'Enzenbuhl à Zurich par l'apôtre Peter Kuhlen de Rhénanie, le 10 février 1960.
Fils du précédent et de Marie Leyrer, Otto Guttinger naît le 10 janvier 1907 à Schaffhouse. Il fait des études de typographe de 1922 à 1926. En 1928, il déménage à Bâle et se marie. Il devient apôtre néo-apostolique le 7 décembre 1941. Sa première femme meurt peu après la naissance du quatrième enfant. Otto Guttinger est sans nul doute le chef de file et le promoteur de la foi néo-apostolique en Suisse.
En 1954, il contredit ouvertement "l'apôtre-patriarche", car ce dernier exige des fidèles, candidats au "Saint-scellé", la promesse de croire à sa révélation infaillible. Otto Guttinger s'élève contre les erreurs de doctrine en rédigeant son Manifeste diffusé partout. Il meurt le 5 juillet 1960. Il est enterré à Zofingen, le 8 juillet, par le même apôtre Peter Kuhlen.
Peter Kuhlen naît le 30 septembre 1899. Il est comptable de métier. "Scellé" à 16 ans, il devient apôtre à Düsseldorf le 1er août 1948. Il est immédiatement désigné comme successeur de "l'apôtre-patriarche" Bischoff, mais il renonce à cette charge en 1950. Il s'oppose fermement aux révélations de "l'apôtre patriarche" Bischoff, dès 1951, et quitte finalement l'Église Néo-Apostolique de son propre chef.
Un autre apôtre allemand, Ernest Dunkmann, participe également à ce mouvement de contestation et crée, le 24 janvier 1955, à Cologne, la Communauté Apostolique qui va bientôt s'unir aux autres dissidences pour devenir l'actuelle Union des Chrétiens Apostoliques. La circonscription de Düsseldorf a été créée par Peter Kuhlen.
Le combat par la parole et par la plume est surtout violent en 1954. C'est pour cela que les apôtres suisses Ernest et Otto Guttinger, les apôtres allemands Peter Kuhlen, Siegfried Dehmel et Ernest Dunkmann sont exclus de l'Église Néo-Apostolique par "l'apôtre-patriarche" Bischoff, le 23 janvier 1955, avec douze évêques et plusieurs anciens de circonscription. Tous les fidèles exclus se fédèrent dès janvier 1956 pour donner naissance à l'Union des Chrétiens Apostoliques. Peter Kuhlen décède le 17 novembre 1986, après avoir donné de solides bases à cette Union.
L'Union des Chrétiens Apostoliques a résumé sa foi dans une Confession de foi de neuf articles. Voici ceux qui sont en désaccord avec la Bible:
Article 4 : Je crois que le Seigneur Jésus gouverne son Église par des apôtres, qu'il a envoyé ses apôtres comme lui a été envoyé dans le monde par son Père et qu'il les envoie encore avec la mission d'enseigner et de baptiser tous les peuples de la terre.
Article 5 : Je crois que tous les ministres dans la communauté du Christ sont appelés et investis par les apôtres.
Article 8 : Je crois que pour obtenir la qualité de prémices, les baptisés d'eau reçoivent le Saint-Esprit par un apôtre, acte par lequel ils sont incorporés comme membres au Corps de Christ.
Une exposition plus précise de la foi de l'Union des Chrétiens Apostoliques se trouve encore dans leur catéchisme. Il a paru en langue allemande en 1958 et contient 270 questions et réponses. Une traduction française polycopiée s'inspire du recueil allemand et comprend six parties.
L'apôtre est le représentant de Jésus-Christ sur la terre dans son Église. Cet apostolat est valable encore aujourd'hui. Les apôtres vivants forment le seul gouvernement valide de l'Église. Tous les ministères dans l'Église sont appelés et investis par les apôtres actuellement vivants. L'apôtre est indispensable pour la dispensation du Saint-Esprit.
L'ensemble de l'Union est dirigé par le Conseil des apôtres, chaque apôtre étant responsable d'une circonscription. La France, le Luxembourg et la Suisse forment une circonscription dont le siège est à Zurich, 20, Carl Spitelerstrasse.
Selon une hiérarchie bien précise, les ministères dans l' Église sont ceux d' apôtre, d'évêque, d'ancien, d' évangéliste, de berger, de prêtre, de diacre et de sous-diacre.
Chaque église locale dépend de son apôtre qui, lui, est responsable devant le Conseil des apôtres: Boîte Postale 241, CH 8053 Zurich.
Connue essentiellement dans les pays de langue allemande, l'Union des Chrétiens Apostoliques se répand maintenant également ailleurs; une vingtaine de pays connaissent son enseignement, en Europe, en Amérique et en Afrique.
Elle doit totaliser environ 42 000 fidèles.
Le mouvement de protestation dans l'Église Néo-Apostolique se dessine à partir du 22 août 1954 par un groupe dissident d'environ 200 personnes de la région d'Amnéville-les-Thermes, en Moselle, alors que ''l' apôtre-patriarche" séjourne à Mulhouse.
Après s'être organisé, ce groupe se répand activement dès 1956 en Moselle. Finalement l'Union des Chrétiens Apostoliques est enregistrée à la Préfecture de Toulouse le 1er mars 1961, avec comme but: " l'enseignement religieux sur la base des institutions de l'Église apostolique du christianisme des premiers temps " .
Le siège français est sis à Toulouse, 19, rue Dupuy-du-Grez. Une dizaine de salles abritent les 700 membres de la secte.
Un porte-à-porte timide et la diffusion du journal font connaître cette Union. Le Héraut est le journal bimensuel pour l'édification de la foi apostolique, polycopié pour les membres de langue française, imprimé pour ceux de langue allemande depuis 1955.
Un culte simple le dimanche matin, une réunion le mercredi soir rassemblent les membres de cette Union.
Elle connaît trois sacrements :
Les membres invitent discrètement à leurs différentes réunions. Les fidèles se recrutent essentiellement par le un à un, par des contacts personnels. Ils n'organisent pas de grandes campagnes pour se faire connaître.
La direction collégiale et une union très solide entre les membres font qu'il n'y a pas de division jusqu'à présent.
La place de l'apôtre, sa nécessité pour le salut, la conception sacramentel pour la réception du Saint-Esprit n'ont aucun fondement biblique.